Interview
 
     
 
 
 

MARA CISSE, GUERISSEUR: «je résous 80 % des cas de filles célibataires»

 Aucune célibataire ne sort bredouille de sa maison. Sur 100 jeunes filles qui cherchent maris, 80% des cas sont satisfaits. Mara Cissé, comme le nomment ses amis et clientes, présentent ainsi ses performances dans ce travail qu'il fait depuis plusieurs années. Guérisseur, voyant, notre marabout, qui nous a reçu la semaine dernière chez lui à Guédiawaye prés du lycée Limamou Laye, se dit spécialiste en beaucoup de choses notamment les faru rab, le mariage, etc. Son outil de travail : «les secrets du Coran», dira-t-il. Entretien avec un jeune marabout qui dit détenir« la flèche de cupidon» !.

 Présentez-vous à nos lecteurs ou si vous voulez qui est Mara Cissé ?

 Je m'appelle El hadji Mahamadou Cissé, fils de Serigne Aliou Cissé. Je suis originaire de Xoubé, un village situé à 15 km de Diourbel. C'est une cité religieuse où tous les habitants se nomment Cissé. Mon père est un grand dignitaire à Diourbel, car il vous suffit de le demander à Ndiarème pour qu'on vous y conduise. Je suis un talibé âgé de 38 ans, et c'est après dix-sept ans d'apprentissage du Saint Coran que j'ai reçu l'autorisation et la bénédiction de mon père pour venir m'installer à Dakar. Et depuis lors, avec l'aide de Dieu, j'apporte ma modeste contribution pour résoudre les problèmes des gens, les soigner avec «seulement» les Écritures Saintes.
 
D'où est parti votre connaissance ? Est-ce un don ou le résultat d'un apprentissage ?

 Je dois dire que l'apprentissage est quelque chose qu'on a tous trouvé ici. Mais la spiritualité demeure une chose à plusieurs dimensions. Dans un premier temps, je dirais que c'est un legs de mon père. Par la volonté divine, j'ai perdu ma mère très tôt, elle n'a vécu que 45 ans et je suis son fils unique. Mon père me disait que si je fais des efforts, je récolterais les fruits du labeur de ma mère. Depuis que ma mère est décédée, mon père n'a jamais cessé de me traiter avec égard.
 Mais pour répondre simplement à la question, je peux vous dire aussi que c'est après seulement quelques jours de la disparition de ma mère que j'ai commencé à avoir des visions. Ma maman m'est apparue en rêve. C'est après que j'ai commencé à répondre aux sollicitations des gens et grâce à Dieu ils sont satisfaits de mon travail.

 Peut-on en déduire que vous n'avez jamais eu d'échec dans votre travail ?

 Il y a beaucoup de secret dans le Saint Coran. Même avec le «Fatiha» seulement, on peut faire beaucoup de miracles. Il y a des choses visibles et d'autres qui sont cachées. Les éléments visibles ne sont ni plus ni moins que les 99 noms de Dieu. Ce qu'on appelle communément en wolof Baatine ak Zaaïr. Cependant, je ne suis pas parfait et de plus les malades sont tous différents les uns des autres. Je peux vous assurer que mes clients ne se sont jamais plaints de mon travail.
 Cependant, comme je vous l'ai dit, dans chaque travail, il faut de la maîtrise, croire à la volonté divine et Dieu peut vous aider à trouver la solution. Au mois de janvier dernier, par exemple, une femme est venue de Paris pour avoir un mari, et la semaine dernière elle en a trouvé un. Et des exemples pareils, il y en a beaucoup.
Seulement, je tiens d'emblée à préciser qu'auparavant c'était rare de voir une femme consulter un marabout pour un mari. Maintenant, ce n’est plus le cas. Car, elles savent que le Coran a des secrets et à force de tâtonner, on finit par taper à la bonne porte.
 Sur 100 femmes qui viennent me voir pour un problème de mariage, je peux dire que présentement près de 80% des cas sont résolus. Souvent, il s'agit soit d'un problème survenu dans le mariage, soit elles veulent se marier, ou elles sont divorcées et souhaitent retourner dans leur ménage. Et toutes les solutions à ces problèmes se trouvent dans le Saint Coran, qui est en quelque sorte mon seul outil de travail.
 
Est-ce qu'il vous arrive de rencontrer des cas de jeunes filles difficiles à traiter ?
 
Oui, et elles sont nombreuses à être dans ce cas de figure. Seulement à chaque fois, je fais de mon mieux pour les rassurer. Je leur suggère surtout d'être patientes. Mais il y a des filles qui ont des djinns qui les empêchent parfois de s'épanouir. Dans tous les cas, je dois préciser une chose : toute prière faite dans les conditions qu'il faut, sera exaucée. À moins qu'il y ait un obstacle tel que le fàru rab. Sinon, je suis convaincu de l'efficacité de mes incantations. Comme j'ai l'habitude de le dire en wolof : «dunu def lunu xamul » (je ne m'aventure jamais à me lancer dans ce que je ne maîtrise pas). Et je crois que grâce à Dieu, les filles qui viennent ici ne rentrent jamais bredouilles. Je n'ai pas la prétention de tout savoir, mais pour ce qui est du mariage le bon Dieu m'a donné quelques secrets pour celles ou ceux qui en ont besoin.

 Vous parlez d'obstacle que sont les djinns, mais est-ce que réellement le faru rab existe ?

 Je précise que tous les rab ne sont pas méchants et que chaque personne en a. Mais ce qu'il faut savoir, c'est que le faru rab existe et c'est clairement indiqué dans le Coran. L’Islam a donné des précisions qui permettent de soutenir sans se tromper que telle ou telle autre est hantée par un rab. En général, il empêche à une fille d'avoir un mari et souvent c'est au terme d'une longue relation qu'il intervient. C'est-à-dire lorsqu'on commence à parler de choses sérieuses. Il y a également celles qui réussissent à entrer en ménage et qui n'arrivent jamais à conserver jusqu'à terme une grossesse, c'est toujours une fausse-couche. Sans oublier les malformations constatées parfois cher certains enfants.
 A part ça, ce qui favorise les faru rab sont ce qu'on voit malheureusement aujourd'hui. C'est à dire les mauvais comportements des jeunes filles, leur habillement, etc. Mais, il faut dire que le rab existe bel et bien et il est capable d'entretenir des rapports sexuels comme les humains. Donc, je recommande fortement aux couples de respecter ce que dit la religion à ce sujet. En fait, c'est pour éviter toute intrusion du rab dans les relations entre mari et femme.

Dans quel délai, après vos prières, une fille, qui vous a sollicité, trouve-t-elle un mari ?

 S'il s'agit d'une fille qui a un faru rab, c'est beaucoup plus difficile parce que ça peut durer des mois, voire des années. Contrairement à une fille que j'appellerais «normale». Pour cette dernière, ça peut nécessiter juste une ou deux semaines ou au pire des cas un à deux mois tout au plus. Mais généralement,  c’est d’une rapidité inouïe. Il y a en outre un autre facteur lié cette fois-ci au sacrifice. Autrement dit, pour certaines filles, il faut forcément immoler un chameau, des boeufs ou des moutons. Toutefois, ce cas concerne plus les filles qui ont des faru rab.

Y a-t-il une différence entre ce que vous faites et l'horoscope ?

 Il y a une très grande différence. Car, je ne dis pas aux gens qui viennent me voir que dans l'immédiat, ils vont voyager, ou voir toutes leurs prières exaucées. Comme je vous l'ai dit tantôt, chacun à une fréquence. Maintenant, il peut arriver que le nom de telle personne coïncide avec celui d'un des grands noms de Dieu. Et ça pour le réaliser, il faut faire un calcul, car comme on le dit, chaque personne est soit une personne de vent, sable, feu ou eau. Et c'est sur cette base qu'on travaille.

Vous avez également des dons pour «offrir» à une personne la célébrité, c'est-à-dire le bayiré. Comment faites-vous ?

 En résumé, bayiré signifie «bay-ré», c'est-à-dire littéralement : «satisfaire son père». «Qui veut aller loin, doit ménager sa monture», a-ton l'habitude de dire. Autrement dit, une personne qui veut réussir dans la vie, doit faire de sorte que ses parents soient contents et surtout fiers de lui.
Il faut souligner qu'il n'est pas recommandé à une femme de recourir au bayiré. C'est plutôt le diarata qu'il faut pour une femme qui s'investit dans le commerce ou activité du genre. Sinon, ce n'est pas la peine d'en chercher parce que c'est néfaste pour elle. Le bayiré a ceci de particulier qu'il permet d'avoir l'ouverture sur tout. Et chez la fille, il devient autre chose, car elle ne passe pas inaperçue. Je veux dire : «jigeen bul sangoo bayiré kula giss soppe la», ( elle est aimée de tous). Et la religion condamne fermement la bigamie.
 Je préfère faire à une femme un talisman qu'on appelle le jubelé (réconciliation entre couple ou autre) que le bayiré. C'est pour permettre la cohésion sociale, surtout au sein du cercle familial. J'ai vu des cas qui m'ont ému. Je dis que ce qui favorise souvent ce phénomène, c'est la distance qui existe parfois entre des membres d'une même famille.
À côté du jubilé, il y a aussi le deddelé. Ce sont deux mots contraires. Je sais le faire, mais il est des cas où si l'on me demande de le faire, je refuse pour des raisons bien précisés. Parce que l'Islam l'interdit. Mais s'il s'agit de le faire pour sauver une fille tombée entre les griffes d'un homme de mauvaise foi -qui ne souhaite qu'une chose, détourner cette fille en qui sa famille place beaucoup d'espoir- je le fais sans hésiter.

Tout travail mérite salaire, à combien s'élèvent vos honoraires ?

À chaque travail correspond un prix. Je ne fixe pas de prix surtout pour les malades. Il m'est arrivé de soigner des gens qui me donnent une somme inférieure à mille francs.
Cependant, dans certains Cas pour exaucer des voeux, cela ne nécessite pas de faire des aumônes. Contrairement à d'autres pour qui, il faut d'abord connaître la disposition de ses étoiles. Par exemple, il suffit qu'on lui donne de quoi se baigner. Et c'est encore plus complexe chez d'autres femmes.
C'est vous dire que chaque personne à sa fréquence, comme c'est le cas avec les radios. Et c'est par celles-ci qu'il faut entrer pour résoudre leur problème. Cela dit, l'argent n'est pas tellement important dans le travail que je fais.

 Oumou DIAKHATE, Lalla CISSOKHO et Cheikhou Oumar SOW

 Source: Walf Gran Place

 
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